Merci ». Je regarde fixement le SMS.
J’ecris quelques mots sur mon portable, puis efface. Diverses fois. Je ne sais pas vraiment quoi dire. Nous sommes le 15 janvier 2011. Mes images de scenes de liesse tournent en boucle a la television. La veille, le 14 janvier, Ben Ali s’est enfui.
« Felicitations pour la Revolution, vous etes si courageux. Merci ». Je regarde fixement le SMS. J’ecris quelques mots sur mon telephone, puis efface. Plusieurs fois. Je ne sais pas vraiment quoi dire. Nous sommes le 15 janvier 2011. Les images de scenes de liesse tournent en boucle a Notre television. La veille, le 14 janvier, Ben Ali s’est enfui. Notre Revolution, une fierte pour un franco-tunisien. Forcement. Il y encore plusieurs semaines, la Tunisie, c’etait juste des promos imbattables dans le metro pour des vacances, et surtout, le lieu ou il ne se passait pas pas grand chose, parce que la majorite d’entre nous avait decide que les trucs, la-bas, etaient exactement comme elles devaient etre.
Moi http://datingmentor.org/fr/interracialpeoplemeet-review, Ramses Kefi, francais d’origine tunisienne, ne a Paris.
Tres vite, on apprend a gerer notre double-culture, et parfois, de la plus sournoise maniere qui soit. De l’opportunisme, et beaucoup d’egoisme. Prendre cela nous arrange, ainsi, mettre de cote le demeure. Jusqu’au 14 janvier, je pensais Prenons un exemple que partir en Tunisie se resumait a « aller au bled », comme s’il ne s’agissait que d’une residence secondaire.
Je ne parle pas de repasser en arriere, ni meme de la culpabilite de ne pas avoir ete la en janvier pendant les manifestations pour braver des cartouches ; juste de ma representation un peu basique et trop reductrice, jusqu’au 14 janvier, de mon cote tunisien: des cadeaux pour mes tantes, des vadrouilles avec mes cousins, et le soleil, que je n’arrive pas forcement a trouver entre 2 tours de beton.
Je cause du non-sens de marcher dans la rue, et de ne point savourer. Je ne suis pas devenu philosophe apres le 14 janvier, juste un peu plus conscient. En avril dernier, a Tunis, j’ai rencontre des anciens prisonniers politiques. Ils n’ont que dalle oublie, et contrairement a la mienne, un memoire ne flanche nullement. La torture physique et nos sequelles psychologiques. Ils ne m’ont nullement seulement raconte des humiliations et la cruaute de leurs bourreaux. Juste la douleur, mais aussi l’espoir, de penser, quelque part dans un coin de sa tronche, que des personnes, a une ou deux heures d’avion, pouvaient vivre libres.
« Ces gens », c’est nous, des Francais. Nous avons des remarques, des opinions et des certitudes. Si nous desirons, nous critiquons le systeme, ou les hommes qui y participent. Le jour, nous rentrons chez nous, pres de nos familles (ou nullement), sans risquer de nous Realiser rafler. Ca, je le savais, mais j’ai regarde ailleurs. Comme plein d’autres. Je n’aurais nullement pu empecher les arrestations arbitraires en Tunisie, mais au moins, a defaut de quelque chose d’heroique, ressentir d’une fierte ainsi que la compassion pour ces hommes. Quelque chose de sincere et de profond, qui me remplirait le c?ur en faisant ma valise, ainsi, qui ne me quitterait jamais. J’ai moindre des trucs : « Je vais la ou des gens souffrent et se sacrifient Afin de vivre libres ».
Ils font trois ans, je correspondais regulierement avec une jeune tunisienne, Lila. Elle se battait deja contre la dictature, la-bas. Au moment oi? je lui disais qu’elle risquait sa peau, elle me repondait qu’elle s’en foutait. Elle preferait me parler de changement, de revolte et de responsabilite citoyenne. Apres chacune de des discussions, j’etais gonfle a bloc. Manque afin d’effectuer la Revolution, mais la revolution. Un tantinet d’egoisme, mais pour la bonne cause. Enfin, je crois. Transformer ma maniere d’observer un chacun, ou bien n’est jamais acquis, et de concevoir mon double heritage, qui est en fera une double-chance.